L'ACAL a soutenu la conférence :
À
l’initiative des responsables de la Médiathèque de Montsalvy, une conférence
sur Françoise Sagan tenue par Valérie Mirarchi, agrégée de philosophie et
auteur du livre Françoise Sagan ou l’ivresse d’écrire , réunissait
un auditoire nombreux et attentif dans la salle des fêtes de Montsalvy. Le
propos était de réhabiliter une œuvre dévorée par la légende et le mythe
construits autour de la personnalité de son auteur. En effet, si la femme libre
et rebelle qu’était Françoise Sagan bénéficie de la sympathie du grand public,
son œuvre, malgré un succès phénoménal, suscite toujours la méfiance auprès des
milieux intellectuels et universitaires.
L’anecdote
de ses frasques amoureuses, de son goût pour le jeu et pour les belles voitures
font oublier que Françoise Sagan était avant tout « une femme de
lettres ».
Durant
son enfance et son adolescence, celle-ci lit énormément et notamment
Proust ; c’est à l’œuvre de ce
dernier qu’elle empruntera le pseudonyme de Sagan, personnage princier introduit
par Proust dans « à la recherche du
temps perdu ».
Son
premier livre est une « bombe littéraire ». Du haut de ces 19 ans,
elle raconte les affres d’une famille recomposée dans cette société française
des années 50 figée dans un moule patriarcal et religieux. Cette demoiselle issue
de la bonne bourgeoisie lance sous sa plume le manifeste d’une révolution
sociologique qui s’illustrera bien des années plus tard au cours des événements
de 1968. Pour Sagan, la femme a le droit de revendiquer son plaisir indépendamment
de tout sentiment ; cela lui vaut d’être interdite de diffusion dans de
nombreux pays et mis à l’index par le Vatican. Cependant, le succès est mondial
et cela malgré ou à cause de son caractère scandaleux.
Rapidement,
Françoise Sagan comprend que la célébrité n’est pas un chemin semé de roses.
Certains
l’adulent, d’autres dénoncent sa liberté sexuelle, sa fainéantise, son train de
vie. Derrière cette apparente désinvolture et légèreté, se cache pourtant une
écrivaine forcenée qui passe ses nuits à noircir des feuilles. Elle écrira 20
romans, 20 nouvelles, 10 pièces de théâtre, 1 biographie sur Sarah Bernard, 1
livre sur le parfum, des livres pour enfant, une étude sur la correspondance
amoureuse d’Alfred de Musset et Georges Sand, des paroles de chansons …
Sagan
est une reine des mots, son style est reconnaissable entre tous mais elle
reconnaît seulement un caractère honnête à sa production. Elle voulait être
Proust, elle n’est que Sagan et sa recherche n’est pas d’avoir une place dans
l’édition mais dans la littérature. Il lui manquera la mégalomanie nécessaire
au surpassement.
Une
vie d’écriture et de personnage de roman rocambolesque qui file à grande
vitesse, comme ses cabriolets de luxe, la conduit de 1935 à Carjac dans le Lot jusqu’à
son manoir normand d’Equemauville en 2004. Elle laisse derrière elle, outre le
souvenir du débit torrentueux de son allocution et de son regard perçant au
travers d’une lourde mèche blonde, une œuvre talentueuse aujourd’hui
réhabilitée et gérée par son fils Denis Westhoff, enfant unique né de son
second mariage.
Françoise
Sagan c’est aussi aujourd’hui un prix littéraire couronnant, chaque année, un
premier jeune roman et le nom d’une grande médiathèque parisienne sise à
quelques pas de la gare de l’Est.
A
la fin de la conférence, chacun soulignait la passion de la conférencière mais
aussi son minutieux travail d’enquêtrice de terrain, partie à la rencontre des
lieux et des témoins jalonnant le parcours tumultueux et épique de Françoise
Sagan. Beaucoup acquirent l’ouvrage de Valérie Mirarchi pour garder en mémoire
le destin hors du commun de son héroïne mais aussi les références littéraires
qu’il conviendra d’aller rechercher auprès de la Médiathèque de Montsalvy.
le public |
Valérie Mirarchi et Nicole Anadon |
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