vendredi 24 janvier 2020

Françoise Sagan ou l'ivresse d'écrire


L'ACAL a soutenu la conférence :
À l’initiative des responsables de la Médiathèque de Montsalvy, une conférence sur Françoise Sagan tenue par Valérie Mirarchi, agrégée de philosophie et auteur du livre Françoise Sagan ou l’ivresse d’écrire , réunissait un auditoire nombreux et attentif dans la salle des fêtes de Montsalvy. Le propos était de réhabiliter une œuvre dévorée par la légende et le mythe construits autour de la personnalité de son auteur. En effet, si la femme libre et rebelle qu’était Françoise Sagan bénéficie de la sympathie du grand public, son œuvre, malgré un succès phénoménal, suscite toujours la méfiance auprès des milieux intellectuels et universitaires.
L’anecdote de ses frasques amoureuses, de son goût pour le jeu et pour les belles voitures font oublier que Françoise Sagan était avant tout « une femme de lettres ».
Durant son enfance et son adolescence, celle-ci lit énormément et notamment Proust ; c’est  à l’œuvre de ce dernier qu’elle empruntera le pseudonyme de Sagan, personnage princier introduit par Proust dans  « à la recherche du temps perdu ».
Son premier livre est une « bombe littéraire ». Du haut de ces 19 ans, elle raconte les affres d’une famille recomposée dans cette société française des années 50 figée dans un moule patriarcal et religieux. Cette demoiselle issue de la bonne bourgeoisie lance sous sa plume le manifeste d’une révolution sociologique qui s’illustrera bien des années plus tard au cours des événements de 1968. Pour Sagan, la femme a le droit de revendiquer son plaisir indépendamment de tout sentiment ; cela lui vaut d’être interdite de diffusion dans de nombreux pays et mis à l’index par le Vatican. Cependant, le succès est mondial et cela malgré ou à cause de son caractère scandaleux.
Rapidement, Françoise Sagan comprend que la célébrité n’est pas un chemin semé de roses.
Certains l’adulent, d’autres dénoncent sa liberté sexuelle, sa fainéantise, son train de vie. Derrière cette apparente désinvolture et légèreté, se cache pourtant une écrivaine forcenée qui passe ses nuits à noircir des feuilles. Elle écrira 20 romans, 20 nouvelles, 10 pièces de théâtre, 1 biographie sur Sarah Bernard, 1 livre sur le parfum, des livres pour enfant, une étude sur la correspondance amoureuse d’Alfred de Musset et Georges Sand, des paroles de chansons …
Sagan est une reine des mots, son style est reconnaissable entre tous mais elle reconnaît seulement un caractère honnête à sa production. Elle voulait être Proust, elle n’est que Sagan et sa recherche n’est pas d’avoir une place dans l’édition mais dans la littérature. Il lui manquera la mégalomanie nécessaire au surpassement.
Une vie d’écriture et de personnage de roman rocambolesque qui file à grande vitesse, comme ses cabriolets de luxe, la conduit de 1935 à Carjac dans le Lot jusqu’à son manoir normand d’Equemauville en 2004. Elle laisse derrière elle, outre le souvenir du débit torrentueux de son allocution et de son regard perçant au travers d’une lourde mèche blonde, une œuvre talentueuse aujourd’hui réhabilitée et gérée par son fils Denis Westhoff, enfant unique né de son second mariage.
Françoise Sagan c’est aussi aujourd’hui un prix littéraire couronnant, chaque année, un premier jeune roman et le nom d’une grande médiathèque parisienne sise à quelques pas de la gare de l’Est.
A la fin de la conférence, chacun soulignait la passion de la conférencière mais aussi son minutieux travail d’enquêtrice de terrain, partie à la rencontre des lieux et des témoins jalonnant le parcours tumultueux et épique de Françoise Sagan. Beaucoup acquirent l’ouvrage de Valérie Mirarchi pour garder en mémoire le destin hors du commun de son héroïne mais aussi les références littéraires qu’il conviendra d’aller rechercher auprès de la Médiathèque de Montsalvy.
le public
Valérie Mirarchi et Nicole Anadon




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